Les tribulations de Sam, Flavie et Salomé

Mois : octobre 2016

Trois p’tits Shahs

De bonne heure vendredi dernier, nous avons pris un taxi pour la frontière Arméno-Iranienne avec un peu d’appréhension. Après avoir quitté l’Arménie sans problème, nous avons traversé un pont, Flavie a enfilé son accessoire désormais indispensable : un foulard, et nous avons présenté nos passeports aux gardes iraniens. Personne d’autre que nous. Un garde est allé chercher une grenade (le fruit bien sûr) pour Salomé et la « messe » était dite: aucune question sournoise, aucun contrôle spécifique, on a même attendu le contrôleur des bagages assis tranquillement après la frontière.

Après ça, un taxi nous a emmené vers Tabriz, notre première étape iranienne. On a pu apprécier la conduite locale, avec un chauffeur qui se servait du thé en conduisant comme une brute dans de beaux paysages, klaxonnant pour qu’on le laisse passer et dépassant allègrement la vitesse autorisée… La Géorgie avec des routes neuves!

Nous avons été accueillis par Mahdi après quelques détours en ville et il nous a présenté sa femme, Arezu et Maral, leur fille de 8 ans. Ils nous ont hébergés pendant 3 nuits où nous nous sommes initiés au matelas iranien: le sol. Bah ça fait mal. Ils se sont montrés très généreux, et on a mangé avec eux à chaque repas, qu’ils ont préparé exprès pour nous (ils ne sont pas végétariens). Comme nous pouvons le constater chaque jour depuis notre arrivée, il semble que la générosité et l’hospitalité iraniennes n’ont pas de limite.

Nous avons visité le bazaar de la ville, le plus grand bazaar couvert du monde. On s’est perdus. Il est vraiment immense avec ses quartiers spécialisés dans les tapis, les bijoux, les ustensiles de cuisine, les vêtements, les chaussures… Une fois la sortie retrouvée, nous sommes allés voir un reste de forteresse et la mosquée bleue, deux monuments très chouettes.

Dimanche après-midi, Pouya, un étudiant couchsurfer parlant français, nous a emmené visité la ville de Kandowan, à 1h de route de Tabriz, la petite Cappadoce iranienne.

Lundi soir est venu le temps des adieux, nos gentils hôtes nous ont emmenés à la gare et nous nous sommes installés dans le train de nuit en direction de Téhéran. Tout avait bien commencé (compartiment en 1ere classe, pépères) mais ça a vite viré au cauchemar : le chauffage tournait à plein tube et il a vite fait une chaleur atroce, Salomé qui s’était enrhumée à Kandowan n’était pas en forme olympique… Nous avons donc à peine dormi 2 heures chacun en alternant la garde de Salomé.
Cette nuit épique et quelques autres tracasseries nous ont conduit à revoir nos plans et à raccourcir le voyage pour ne pas finir complément à plat. Nous n’irons donc ni aux Emirats, ni à Oman. Peut-être lors d’un prochain voyage?

Nous sommes donc arrivés crevés à Téhéran et notre hôte nous a donné rendez-vous à 17h… Il était 9h. On a décidé de passer la journée et la nuit dans un hôtel pas terrible pour se reposer et de décaler au lendemain l’entrevue. On est quand même sortis un peu le temps d’aller voir quelques agences de voyage et de rencontrer Ali, un couchsurfer très sympa qui nous a baladé un peu et avec qui nous avons partagé un bon dîner.

Mercredi, après un peu de repos, nous avons visité le musée d’histoire de l’Iran, en particulier la partie pré-islamique et créateur malheureusement assez décevant… Nous n’avons pas trop traîné ensuite parce que nous devions retourner à l’hôtel prendre nos bagages puis aller retourner notre hôte Aziz chez lui.
La circulation est absolument incroyable en ville avec des dizaines de voies express encombrées de voitures et c’est après 2h d’embouteillages (mercredi soir, c’est le début du week-end ici) que nous sommes arrivés à destination, emmenés par un couple qui nous a pris en stop sans qu’on le demande! 

Jeudi, après le pique-nique de Salomé dans un parc, nous avons visité le palais de Golestan, une résidence royale, puis le bazaar.

Sur le chemin du retour nous nous sommes arrêtés dans une agence de voyage, en quête de renseignements sur des trajets en train et nous en sommes sortis avec des billets d’avions… les aventuriers du rail, tu parles!!!
Pour notre dernier jour à Téhéran, Ali nous a emmené à Darvakeh, une montagne aux abords de la ville. C’était agréable de quitter la fourmilière et de respirer un peu d’air frais. Deux heures de marche, un repas tranquille et il était temps de nous envoler vers de nouvelles aventures!

Salomé sur les routes

Pour son moisiversaire, Salomé a droit à son article.

Voyager avec un enfant, possible – pas possible? Possible, mais il faut être prêt à en assumer les conséquences.
Nous savions que ce voyage serait différent de la 1ere édition des aventuriers du rail, mais peut être que nous n’avions pas vraiment réalisé à quel point. Le plus difficile (et aussi le plus frustrant) est de concilier un bon rythme pour Salomé et un rythme acceptable pour l’aventure. Elle a évidemment la priorité, cela implique souvent de réduire le temps des sorties, de ne pas changer d’endroit trop souvent, de patienter quand elle fait la sieste… Nous réussissons tout de même à faire beaucoup de choses, et heureusement elle est assez patiente (la plupart du temps) mais nous avons aussi dû revoir nos plans à la baisse pas mal de fois.

Au delà du programme, il y a tout un côté logistique très chronophage : 

  • Trouver de la nourriture et la préparer, ce qui implique de trouver des hôtels ou guesthouses avec une cuisine. On a bien essayé de lui faire le coup des petits pots mais elle n’est pas dupe, et de toute façon, on en trouve très peu.
  • Respecter les temps de repos et les heures de repas ; c’est là que l’organisation des sorties et des déplacements peut devenir compliquée. Par chance, elle arrive à faire de courtes siestes dans le porte-bébé ; pour les repas, elle pourra se vanter d’avoir pique-niqué dans des endroits hétéroclites!
  • La changer et la baigner régulièrement ; dans ce domaine, on est quasiment devenus tout terrain!
  • Monter et démonter sa chambre et son coin jeux à chaque déplacement, en essayant de maintenir des constantes dans son environnement, pas facile.

De plus, se trimballer 10 kilos en permanence, c’est crevant! La poussette ne nous sert finalement pas beaucoup – ou alors de chariot à bagage – parce que peu d’endroits sont poussette-friendly (trop de monde, trop de marches, pas assez de trottoirs…) ; le porte-bébé se relève être un bien meilleur investissement mais c’est physique!!!

Il y a bien sûr de bons côtés et la voir interagir avec les gens est un plaisir, tout le monde est fan d’elle et elle le rend bien. Elle se prête avec le sourire aux palpages de joues, aux tatages de mollets, aux gouzigouzis et aux photos, tout cela plusieurs fois par jour (nous pendant ce temps, nous faisons souvent office de pupitre, il n’est pas rare qu’on ne nous adresse même pas un regard!). Nous avons aussi le droit toutes les jours à la question: « boy or girl? », les vêtements n’aidant pas trop à son identification ; elle n’a pas vraiment un look de princesse en ce moment. 

Elle est aussi une source de bons plans : les hôteliers ont tendance à nous laisser une meilleure chambre pour le même prix, on nous donne régulièrement des fruits ou des gâteaux… Elle a même quelques cadeaux.

Elle a beaucoup évolué depuis le début du voyage. Elle sait faire « coucou » et « donne », elle rampe (en marche arrière seulement), tient sur ses jambes, sa bouche est ornée de 4 nouvelles dents et son »vocabulaire » s’est enrichi de quelques syllabes!

Bref, c’est une riche expérience que nous vivons ensemble! Cependant la fatigue commence à se faire sentir et nous avons décidé d’écourter notre périple. Nous quitterons l’Iran le 13 novembre et après une autre étape, nous serons de retour dans notre bonne vieille France!

L’Arménie, les arméniens et nous

Il est grand temps de conclure à propos de l’Arménie.Si la Géorgie nous a laissé un goût d’inachevé, nous sommes plutôt satisfaits de notre parcours arménien qui nous a amené à presque tous les essentiels.

Le point fort du pays c’est son impressionnante collection d’églises et de monastères. Ce serait mentir de dire qu’en avoir vu un c’est les avoir tous vu, mais avouons que l’on s’est un peu lassé. Ce qui fait souvent leur charme c’est leur localisation car niveau paysage, l’Arménie n’est pas en reste. Montagnes, vallées, gorges, lacs, sous le soleil et parés de couleurs automnales, nous avons assistés à de bien jolis spectacles.

Au contraire, le point faible, ce sont les villes. Yerevan mise à part, toutes les cités que nous avons traversées, quelque soit leur taille, était tristes à mourir. Peu de magasins, peu de restaurants ou cafés, peu de parcs, des barres d’immeubles, le tout soit en travaux, soit défraîchi (pour ne pas dire décrépi) : c’est terne, c’est moche, c’est tout à fait déprimant. Heureusement le centre ville de Yerevan est très agréable et nous avons pris plaisir à y passer du temps, entre visites et détentes en terrasse.
Niveau transports, on peut dire que les aventuriers du rail ont fait grise mine devant les 2 lignes de train du pays… Et la vitesse : 3h30 pour parcourir les 70 kilomètres entre Sevan et Yerevan, non merci ! Du coup, c’est taxi et minibus pour un tarif dérisoire. En plus de ça, on a le droit à un petit voyage dans le passé avec un nombre impressionnant de Lada (en bon état qui plus est), on se croirait revenu aux temps des soviets. Joe Dassin ou Lara Fabian dans le poste et en voiture Simone!

Côté gastronomie, nous ne sommes sûrement pas les mieux placés pour juger parce que la viande semble avoir une place importante, mais nous n’avons pas vraiment trouvé de spécialités arméniennes. Nous avons très bien mangé dans les maisons d’hôtes (pas du tout désarçonnées par notre régime alimentaire), un peu moins dans les restaurants dans lesquels nous nous sommes souvent retrouvés devant une pizza ; exception faite encore une fois de Yerevan où nous nous sommes goinfrés de cuisine libanaise! Ce qu’on retiendra d’un repas arménien c’est la façon de manger le fromage : un morceau pain, un morceau de fromage et une poignée d’herbes fraîches (persil, aneth..).

Pour finir, il faut souligner le grand cœur des arméniens ; plutôt austères de prime abord, ils nous ont toujours réservé un accueil chaleureux. Et bien sûr, Salomé encore s’est fait des tas d’amis. Pour ce qui est de la communication, c’est encore une fois le russe qui nous a sauvé parce que l’arménien franchement… en trois semaines, nous n’avons su retenir que les trois essentiels : barev dzez (bonjour), tsetesutyun (au revoir) et shnorhakalutyun (merci). Pour ce qui est de l’alphabet, nous n’avons même pas essayé!

Un petit tour et puis s’en vont

En 2 heures, sur une route aussi chaotique que le paysage était magnifique (difficilement visible depuis Yerevan à cause de la pollution, nous avons pu admirer à loisir les monts Ararat), nous sommes arrivés à Yeghegnadzor, notre dernière vraie étape en Arménie.
Bien installés chez Shushan et Gagik, nous n’avons plus bougé lundi. Un peu de fatigue, de paresse, une compagnie agréable et le temps de plus en plus frais dehors nous ont poussés à ne rien faire.

Le lendemain par contre, Gagik nous a emmené voir ce qui fait la renommée de la région :

-Noravank, un monastère niché au creux d’une gorge

-le village vinicole d’Areni où est produit le vin éponyme

Mercredi il était temps de quitter la gentille famille (Salomé ne voulait plus lâcher Shushan) et de continuer notre route vers le sud. Nous voulions être le soir même à Goris mais nous avions arrangés quelques arrêts en chemin avec notre fidèle chauffeur Gagik et Yan, un covoyageur slovaque. Les aléas météorologiques ont un peu modifié nos plans puisque l’hiver a surgi de nulle part mercredi.

Nous nous sommes tout de même arrêtés à Tatev, un must-see. Nous avons emprunté le plus long téléphérique du monde (5,7km) pour atteindre le monastère ; le temps étant ce qu’il était nous sommes un peu passés à côté de la vue sur la vallée. Le monastère lui aussi était noyé dans le brouillard donc pas vraiment à son avantage ; et en plus il y avait des travaux…

On ne vous dira rien de Goris où nous avons passé la nuit, ni de Kapan où nous avons déjeuné, ni de Meghri où nous dormirons ce soir, si ce n’est que ce sont de petites villes sans grand intérêt. En chemin cependant nous avons traversé des paysages incroyables, accompagnés de Joe Dassin dans une Lada comme neuve.

Demain nous quitterons l’Arménie et les montagnes ; si le plan se déroule sans accroc, nous passerons la frontière iranienne dans la matinée!

Breaking news

Après 72h de suspense insoutenable, le nouvelle est tombée : l’Iran veut bien de nous!

Nous n’avons pas traîné et pris la direction du sud dès que nous avons récupéré nos passeports enrichis du précieux sésame. Nous ferons quelques étapes sur la route (nous venons d’arriver à Yeghegnadzor) et espérons entrer en Iran ce week-end.

Wooouuuuut’!!!!

Yeah-revan

Une semaine sédentaire ça ne peut pas faire de mal! 

Nous sommes arrivés à Yerevan lundi en début d’après-midi après un cours trajet en taxi depuis Sevan. D’après les échos que nous en avions eu et les villes arméniennes que nous avions vu jusque là, on ne s’attendait pas à tomber en pâmoison devant la capitale… Et bien surprise : la ville n’est certes pas des plus jolies mais elle est très agréable (encore une fois le beau temps participe à enjoliver le décor).

Le centre ville n’est pas très étendu et notre hôtel vraiment bien situé donc on a pu facilement alterner balades et repos. Il y a aussi beaucoup de bars et de cafés, ce qui permet de faire des pauses et de goûter à l’ambiance de la ville.

Le lieu le plus notable, à notre avis, est Cascades, un grand édifice à plusieurs étages, avec à chaque niveau des fontaines, des sculptures et 3 galeries d’arts accessibles via une exposition d’art contemporain/escalator. La vue d’en haut est assez sympa même si la pollution empêche de voir les monts Ararat.

La ville est également agréable pour ses musées et nous avons opté pour:

– Matenadaran, fierté nationale qui expose de nombreux manuscrits anciens, voire très très anciens,

– la maison de Sergueï Parajanov, cinéaste et autre fierté nationale.

Nous avons trouvé un camarade de voyage, cycliste de son état, pour partager les frais de taxi pour visiter 2 monuments proches de la ville: Garni et Geghard. Le premier est tout à fait surprenant puisque c’est un temple payen d’influence grecque. Placé dans un endroit superbe, on se serait presque cru à Athènes.

Le 2ème, plus classique bien que très intéressant aussi, est un monastère à flanc de colline, à moitié percé dans la roche, agrémenté de sculptures d’une grande finesse. Une des pièces à une acoustique incroyable avec l’impression que le son arrive de partout. Des caves ayant servies de cellules aux moines complètent le lieu.

À quelques kilomètres de la capitale se trouve également le « Vatican » de l’église apostolique arménienne : Echmiadzin. Maintenant on peut dire qu’on l’a vu mais franchement ça ne casse pas trois pattes à un moine… Du coup, on ne vous montre même pas de photo, voilà c’est comme ça. Pour nous venger, en rentrant à Yerevan, on est allés voir la mosquée.

Vendredi, nous avions une mission importante : les visas iraniens. Il y a une dizaine de jours, nous avions fait le nécessaire pour recevoir des invitations après d’une agence de voyage, il était maintenant tant d’aller à l’ambassade déposer notre dossier. Une demande de visa, c’est toujours une aventure et ça commence par trouver l’ambassade et les horaires d’ouverture (pas facile avec des créneaux de 2h, 3 fois par semaine, et qui ont l’air de changer régulièrement). Mercredi, on s’est retrouvés face à une porte close et ce n’est que vendredi qu’on a eu une fenêtre d’action, entre 14 et 16h. Nous avions donc 2h pour faire contrôler nos documents, aller nous alléger le porte-monnaie dans une banque située à l’autre bout de la ville (on ne savait pas exactement où elle se trouvait mais par chance le taxi nous a déposé à 2 pas sans le savoir ; par malchance elle fermait exceptionnellement à 15h et on y est arrivés à 15h07 ; par chance, on nous a quand même laissé entrer : niveau de stress maximum à ce moment là!) et revenir déposer notre dossier complet. Verdict lundi à 14h.

La bohèmeuuuu

La route entre la Géorgie et l’Arménie n’est pas fameuse et nous avons passé la première partie du voyage en taxi cahin-caha, jusqu’au poste frontière où là, il n’y a carrément plus route pour cause de travaux. Le passage s’est fait aisément et après un tamponnage en règle de nos passeports, nous nous sommes vite retrouvés sur les routes un peu meilleures d’Arménie.

Le paysage en arrivant est magnifique, une succession de collines couvertes d’herbe jaunie avec des montagnes enneigées en fond. Nous sommes arrivés à Gyumri pour découvrir une ville qui a l’air étendue mais qui manque un peu de charme. La place Charles Aznavour, deux jolies églises noires assez surprenantes, une vieille ville riquiqui, une rue commerçante et c’est tout. Nous sommes tout de même restés deux nuits pour éviter de trop courir, avant de partir pour Vanadzor. Là aussi, peu de points d’intérêts, mais c’est un endroit pratique pour visiter le Debed Canyon qui est la principale attraction de la région.

Nous avons donc pris un tour avec la maison d’hôtes pour découvrir les nombreux monastères et églises qui parsèment cette gorge.

La gorge elle-même est d’ailleurs très impressionnante: elle semble s’être creusée soudainement à la suite d’un tremblement de terre.

Après ça, direction Dilijan et son parc national, une belle forêt aux couleurs d’automne posée sur des collines. Comme souvent, grâce à Salomé, nous avons été surclassés et avons pu profiter d’une terrasse avec vue. Là encore et comme sûrement jusqu’à la fin de notre périple en Arménie, il y a des monastères et des églises un peu partout. Le cadre est superbe et nous avons passé trois jours à nous balader dans les environs, sous le soleil pour ne rien gâcher. Un café bien sympa nous a permis de passer le temps agréablement (et de manger des bonnes pâtisseries, ce qui n’est pas si courant par ici).

L’étape suivante, et où nous sommes toujours, est aussi tranquille puisque c’est le lac Sevan, le plus grand lac du Caucase et en ce début d’automne, c’est assez mort. Au programme, de la détente les pieds dans l’eau (on peut pas faire plus, elle est gelée), et découverte des lieux intéressants aux environs.

Dimanche

On fait rien comme des gros manches!

La Géorgie, les géorgiens et nous

Nous ne savions pas grand chose de la Géorgie avant de nous décider à y venir, en dehors de son passé soviétique. De ce fait nous avons retrouvé quelques repères : une architecture parfois massive et souvent décrépie, les marshrutky (=minibus), l’église orthodoxe, l’aneth, le cyrillique…

Heureusement d’ailleurs que la langue russe est toujours largement utilisée parce que le géorgien est complètement opaque, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral (apparemment il y aurait des racines communes avec le basque)

Gamarjobat (bonjour), mardlobat (merci) et Gomarjaus (santé!), c’est tout ce que l’on a pu retenir. Mais les géorgiens sont aimables et accueillants et avec nos bribes de russe et leur maigre anglais, nous avons réussi à communiquer. Tous les gens rencontrés ont toujours été aidants ; tous ont à cœur de bien recevoir, l’hospitalité étant une valeur centrale. Salomé a aussi sûrement participé au bon accueil, elle a fait l’unanimité partout et elle, bonne pâte, se prêtait avec le sourire aux bisous, aux câlins, aux photos… En plus, elle porte un prénom courant en Géorgie, ce qui n’était pas pour déplaire à ses fans!

S’il y a bien une chose qu’on a remarqué dès qu’on est arrivés, c’est la conduite brutale des géorgiens, là plus question de cordialité! Si le permis existe ici, les inspecteurs sont aveugles: on double n’importe comment, droite, gauche, dans les virages (sans visibilité de préférence), avec des véhicules en face, on ne laisse passer les piétons que s’ils forcent le passage et on voit alors le pare-choc s’approcher dangereusement de la jambe. C’est très rare de voir une voiture complète ou non cabossée, il manque régulièrement des pare-chocs, des ailes, le pare-brise est souvent étoilé et la fumée noire qui sort des véhicules explique bien la pollution. Mais apparemment les chiffres de l’insécurité routière ne sont pas si élevé que ça, alors ça va!

Sinon, la Géorgie c’est aussi une grande diversité de paysages avec des forêts, des montagnes, des plaines, la mer et vu les faibles distances on peut, dans la même journée, se baigner et faire du ski! Malheureusement, il y a aussi des territoires disputés, notamment avec la guerre-éclair perdue contre la Russie en 2008 au sujet de l’Ossétie du sud, ou encore l’Abkhazie, là aussi soutenue par la Russie. L’Adjarie (dont la capitale est Batumi) est également un territoire autonome mais il est resté, lui, dans le giron de la Géorgie.

Niveau religion, on est ici en pays chrétien orthodoxe convaincu et on voit très souvent des géorgiens de tous âges de signer 1, 2 voire 3 fois à chaque fois qu’ils croisent une église ! Il faut dire que c’est un des premiers pays chrétiens au monde, l’adoption du christianisme comme religion d’état datant du 5ème siècle. Il y a d’ailleurs suffisamment d’églises partout dans le pays pour en témoigner.

La gastronomie géorgienne est assez riche, dans tous les sens du terme, et par chance plutôt végé friendly. La spécialité, le plat inévitable, c’est le khachapuri (prononcé ratchapouri) qui pourrait s’apparenter à une pizza au fromage. Il en existe plusieurs variantes mais la meilleure, à notre goût, a une forme de bateau avec un oeuf dessus (et un peu de beurre pour faire glisser)

Autant dire que c’est appétissant au début mais que ça devient vite écoeurant, le fromage local ayant un fort goût de lait caillé (et un puissant effet laxatif). 

Comme on l’a déjà dit, les légumes disponibles ne sont pas très variés mais goutus et bien préparés. Parmi nos préférés : la classique salade concombre tomates oignons, l’adjapsandali (aubergines à la tomate),les champignons sur plaque chauffante et le lobio (ragout de haricots rouges). Et pour accompagner le tout, du pain, le choti à la forme si particulière, un délice quand il sort à peine du four. On trouve aussi sur les marchés de beaux étals de café, qui se prépare à la turque, et de noix et noisettes. La friandise locale consiste en des guirlandes de noix enrobées de caramel de jus de fruits (raisin le plus souvent).

La Géorgie, c’est le territoire de naissance du vin et on a pu en goûter d’assez bon, même si on reste fidèle à nos origines. Du fromage, du pain, du vin : on a vraiment rien inventé!

Ces 3 semaines n’ont pas suffi pour voir tout ce qu’a à offrir la Géorgie donc il faudra que l’on revienne pour découvrir la chaîne de montagnes du grand Caucase au nord et la région vinicole au sud-est.

Que la montagne est belle

4h de train, 30 min de marche, 1 khachapuri, 1 lobiani et 30 min de minibus plus loin, nous arrivions (dimanche) à Borjomi. La ville est mondialement connue (si si mondialement, bande de noobs) pour sa source miraculeuse. 

Nous envisagions de commencer notre séjour par une sieste mais Salomé n’était pas de cet avis donc nous avons opté pour une balade de découverte. Honnêtement nous n’étions pas fâchés de sortir étant donné la tronche de la guesthouse: une chambre très vieillotte donnant sur la cuisine familiale pas bien fraîche non plus; mais il a bien fallu y rentrer pour la nuit… et quelle nuit! Salomé n’aimait visiblement pas l’endroit non plus et nous l’a fait comprendre à sa manière. À la 1ere heure le lendemain matin nous étions dehors, à la recherche d’un nouvel endroit ; ce qui n’a pas été trop difficile : on a trouvé notre bonheur 50m plus loin.

Ce problème réglé nous pouvions nous concentrer sur la ville dont l’intérêt réside essentiellement dans deux parcs : 

– le parc où se trouve la fameuse source, qui est devenu une sorte de parc d’attraction pas très intéressant si ce n’est qu’il est joliment situé dans une gorge et qu’un téléphérique offre une vue agréable sur le ville. Ça aurait été dommage de passer à côté d’un miracle donc nous avons bu à la source : l’eau est tiède et salée, on attend toujours le miracle…

-le parc national, une des plus grande forêt gardée intacte d’Europe. Nous étions partis pour une petite marche tranquille le long de la rivière qui s’est finalement transformée en rando. La montée était intense et la descente fastidieuse (450m de dénivelé dans un sens puis dans l’autre) mais une fois arrivés sur la crête, le panorama était époustouflant.

Malgré les courbatures, nous avons repris nos clics et nos clacs mercredi matin, avons joué des coudes pour nous trouver une place dans la marshrutka en direction d’Akhaltsikhe.

Nous avons visité une très belle forteresse rénovée il y a peu, qui abrite entre autres une mosquée et une médersa. Quand on a vu la forteresse, on a tout vu donc dès le lendemain nous levions le camp pour rejoindre Vardzia, une cité troglodyte construite au 12ème siècle par la reine Tamar, qui domine une magnifique vallée. C’est une véritable fourmilière qui a creusée dans la roche, impressionnant!

C’est avec ce superbe site que l’on a conclu notre étape géorgienne. Nous n’avons pas vu tout ce que nous espérions mais la météo nous force à poursuivre vers le sud, désormais à nous l’Arménie!

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