Les tribulations de Sam, Flavie et Salomé

Mois : novembre 2016

Turkish Delights

Comme vous le savez (si vous le savez, c’est écrit ici), nous avons fait une croix sur les Emirats et Oman et c’est sur la Turquie que nous avons jeté notre dévolu; un bon voyageur doit rester souple!

Nous sommes arrivés tard dans la nuit de dimanche à lundi (de la semaine dernière, oui on a un peu de retard…) à Istanbul, donc après une grasse mat’ et avant toute chose : un café serré au grand bazar.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Istanbul est beaucoup plus agréable que Téhéran. Ici, pas d’autoroutes qui découpent la ville et ça se ressent dans l’air qu’on respire. Notre appartement étant très bien situé dans le quartier historique de Sultanahmet, nous avons pu faire le tour des principaux monuments à pieds, ce qui est très appréciable et nous a permit d’adopter un rythme détendu.

Par un temps nettement plus frais, nous avons visité la mosquée bleue, sainte Sophie (en travaux), le palais Topkapi et la basilique citerne. Magnifique !

Profitant du soleil, nous avons pris le bateau d’abord pour aller sur la rive orientale de la ville puis pour rejoindre une des îles aux princes.

S’il y a toujours autant de mosquées, elles sont bien différentes de celles d’Iran. Ici, les dômes sont à l’honneur et certaines mosquées en ont des dizaines. L’appel à la prière est autrement plus fort et nous étions réveillés tous les matins par des chants plus ou moins mélodieux. On sent aussi un positionnement plus prosélyte: on trouve partout des brochures et des livres religieux gratuits dans différentes langues.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire en suivant les informations à la télévision, la situation ici est très calme et la vie ne semble pas trop perturbée par l’actualité. Nous nous tenons au courant en cas de changement.
Enfin, que serait un voyage en Turquie sans profiter de la délicatesse locale: les baklavas. Nous avons dégusté tous les jours ou presque que  ces petits morceaux de sucre et de miel… Pour notre défense, c’est presque les seules spécialités que l’on peut se permettre dans ce pays où le kebab est roi. 

Mais avant de trop s’empater, nous avons pris la route pour Edirne avant de descendre vers Izmir en espérant trouver des températures un peu plus chaudes.

L’Iran, les iraniens et nous

Deux jours et deux nuits à Téhéran ont conclu notre aventure iranienne ; l’heure du bilan a sonné.

L’arrivée en Iran demande un temps d’adaptation, notamment parce qu’on arrive avec un tas d’idées et de représentations et qu’on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés.
Finalement, si tant est que l’on respecte les codes, tout se passe très bien. Les iraniens eux-même s’y soumettent avec plus ou moins de convictions, alors quand il s’agit de touristes, tout le monde est plus indulgent.

Pour les femmes, le maître-mot c’est : sortez couvertes! Hormis le foulard obligatoire, le but est d’être le plus informe possible. Si beaucoup de femmes portent le voile intégral noir et austère, de nombreuses autres rivalisent d’ingéniosité pour se distinguer et souligner leur féminité : vêtements et foulard colorés, accessoires et maquillage (voire nez refait). 

Il a donc bien fallu se résoudre à adopter un style irano-compatible : chemise longue à manches longues et foulard ; c’est un peu contraignant mais finalement on s’y fait plutôt vite (et puis positivons, le foulard protège du soleil et de la poussière). Les garçons ne sont pas en reste : shorts à proscrire et manches longues à privilégier.
Outre le dress code, les relations sociales sont aussi codifiées, notamment les relations entre hommes et femmes : de la retenue, de la retenue et surtout pas de contact. Pour se saluer, les hommes peuvent se faire la bise mais pas question de serrer la main à une femme en public. Dans les transports en commun (métro, bus,taxi, avion), un homme et une femme qui ne sont pas de la même famille ne peuvent pas s’assoir l’un à côté de l’autre, ce qui donne parfois lieu à un jeu de chaises musicales assez cocasses (si ce n’est un peu ridicule, parce que se bousculer dans les escalators apparemment  ça c’est autorisé).

À côté de tout cela, on découvre une autre facette de l’Iran et des iraniens quand on entre dans l’intimité des logements. Là, le poids des contraintes disparaît, le voile tombe dans tous les sens du terme. En public il faut donner le change et se soumettre aux règles, mais à l’abri de leurs 4 murs, les iraniens retrouvent un brin de liberté. Ensemble nous avons bravé quelques interdits : héberger des étrangers est interdit mais le couchsurfing n’a jamais été aussi facile qu’en Iran (on a même été hébergé chez un couple non marié : super interdit) , l’alcool est prohibé mais dès notre 1er jour dans le pays on nous a servi du vin (fabrication maison), la télévision étrangère est bannie mais les paraboles fleurissent partout et tout le monde regarde la télé turque, on nous a même proposé de l’herbe une fois dans la rue…

Bon, braver les interdits c’est rigolo mais il faut tout de même faire attention : un de nos hôtes s’est fait arrêté il y a quelques années alors qu’il était ivre, il s’en est bien sorti mais risquait une amende et des coups de fouets…

Le couchsurfing nous a permis de rencontrer des gens très critiques à l’égard de leur pays, de leur gouvernement et de leur religion. Nous avons été surpris de constater que beaucoup de gens ne se disent musulman que sur le papier, ne pratiquent pas du tout la religion, voire sont athées.

Dans un registre plus léger, nous avons découvert le quotidien et la façon d’habiter des iraniens. Ce qui a d’ailleurs sauvé notre expérience culinaire iranienne. La gastronomie iranienne tourne beaucoup autour de la viande (kabap), il existe bien quelques plats traditionnels végétariens mais il est quasi impossible de les trouver au restaurant. Livrés à nous même, on a beaucoup tourné au sandwichs falafels mais nos chers hôtes nous ont fait découvrir beaucoup de plats très bons.

Il est de notoriété publique que l’Iran excelle dans l’art du tapis, ce serait donc dommage de se contenter de marcher dessus! Il est très fréquent de manger, voire même dormir sur le sol ; une nappe ou une couverture et hop la table est mise, le lit est fait! Autre particularité : il faut enlever ses chaussures et circuler pieds nus, et enfiler des claquettes prévues à cet effet pour aller aux toilettes (le plus souvent à la turque).

Par dessus tout, ce qui fait le charme d’un voyage en Iran, c’est de rencontrer des iraniens. Rarement auparavant nous avons rencontré des gens aussi gentils et généreux ; partout nous avons été accueillis comme des rois (un léger bémol pour Shiraz et Ispahan, qui sont très touristiques), partout des sourires et des mots de bienvenue. Et surtout, à aucun moment nous ne nous sommes pas sentis en sécurité.

Si la 1 ère attraction de l’Iran, ce sont les iraniens, le pays offre aussi d’innombrables sites culturels et historiques. Il y a beaucoup à faire avec les endroits liés à la religion mais on trouve aussi beaucoup de monuments et d’édifices de l’époque pré-islamique.

Hormis dans les lieux culturels et touristiques, dans les bazaars et les parcs, ce n’est ni agréable ni facile de se balader en ville (sauf à Yazd) : il y a beaucoup de grandes artères et énormément de circulation (donc bruit et pollution). Les villes semblent principalement pensées pour les voitures, ce qui peut se comprendre quand on réalise leur étendue (des villes, pas des voitures). Du coup, comme les points d’intérêts sont souvent éparpillés, c’est difficile d’aller de l’un à l’autre à pied et nous avons fréquemment eu recours aux taxis (vraiment pas cher ceci dit).

Puisqu’on parle d’argent, il faut savoir gérer son budget ici parce qu’avec les sanctions américaines les CB étrangères ne fonctionnent pas, nous avons du arriver avec notre cagnotte. Nous nous sommes retrouvés millionnaires pendant quelques semaines, un euro valant officiellement 36000 rials (mais 40000 dans tous les bureaux de change). Pour ajouter un peu de sel, les iraniens comptent en tomans, qui valent 10 rials, rien de mieux pour jongler avec les prix. Ha et petit poil dans la choucroute, le gouvernement a imposé des prix différents pour les entrées des monuments pour les touristes: 30000 pour les locaux et 200000 pour nous (ça fait beaucoup de zéros, hein?). Un peu rageant…

Petite parenthèse sérieuse, on peut voir partout des portraits de jeunes hommes dans la fleur de l’âge (en plus de ceux omniprésents de Khomeiny et Khamenei). Sur les rond points, dans les rues, sur l’autoroute, sur les bâtiments… Ce sont des martyrs de la guerre avec l’Irak (1980-1988). Ils sont très respectés ici et le souvenir de la guerre encore très frais. Des jeunes (parfois très jeunes) se sacrifiaient et couraient déminer les champs de batailles. L’image est très marquante. C’est néanmoins celles-ci qui a permit de souder le pays contre l’ennemi de l’extérieur après la révolution islamique.

Vous l’avez compris, nous avons été conquis. C’est même un peu frustrés et à regret que nous sommes partis, donc nous comptons bien revenir, nous avons même déjà une ébauche d’itinéraire et de nombreux rendez-vous!

La moitié du monde… et un peu plus

Nous sommes arrivés à Esfahan pour la grande prière du vendredi. Après avoir emménagé dans notre appartement temporaire, nous sommes partis à l’assaut de la deuxième plus grande place du monde: Naqsh-e Jahan Imam (la plus grande étant Tien An Men, ici). Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça en jette, les architectes de l’époque n’ont pas lésiné sur les détails. En images:

La place fait 500 mètres sur 100 et comprend 2 mosquées, 1 palais et donne sur un grand bazaar. On a dû la visiter en plusieurs fois.

La ville comprend aussi une autre très grande mosquée, d’autres palais, des jardins et de beaux ponts sur une rivière qui ne voit pas souvent la pluie ( comprendre : asséchée).

Nous avons partagé l’appartement avec des Belges et Salomé était contente d’avoir de nouveaux amis qu’elle comprenait !

Après ces 4 jours, nous sommes allés à Kashan, une ville qui ne paie pas de mine au premier abord mais qui compte un hammam et plusieurs maisons traditionnelles exceptionnelles tant par la taille que par la finesse des décorations.

Cette fois-ci, nous avons trouvé un couple très sympa, Sara et Amin, qui nous a hébergé et baladé entre les différents sites. Sara parlait même français. Elle nous a emmené à Nushabad, une ville toute proche où nous avons pu visiter une partie de la plus grande ville souterraine du monde Oeei (4km²) et une ancienne forteresse qui va rester dans nos mémoires comme un des lieux les plus magiques du voyage.

En route pour Téhéran, nous avons fait étape à Qom, qui abrite le 2ème mausolée le plus sacré d’Iran, celui de la sœur du 8ème imam de l’islam: Fatemeh. Un lieu très imposant où les pèlerins viennent en masse présenter leur respect (on y était  un vendredi en plus).

Nous avons fini notre tour d’Iran par un retour à Téhéran, chez un autre couple très sympa dont la fille parlait aussi français. Leur hospitalité nous a permis de clore de belle façon ce chapitre de notre voyage.

Vous prendrez bien un peu de désert?

Il est temps de mettre fin au suspense : nous avons pris l’avion depuis Téhéran pour Shiraz. Oui, c’est vrai, nous avons cédé à la facilité mais 1h d’avion contre 15h de bus…

Nous avons atterri en fin d’après-midi et avons rejoint directement l’hôtel (un couple a eu pitié de nous à la sortie de l’aéroport et nous y a déposé en échange de quelques photos). Pas de couchsurfing pour cette étape-ci : les quelques personnes qui nous ont contactés avaient toutes plus ou moins quelquechose à vendre donc on a passé notre tour. Ces 4 nuits d’hôtel nous ont permis de nous reposer : au-delà de tous les aspects positifs, le couchsurfing suppose de s’adapter au rythme et aux impératifs de l’hôte… et de les concilier avec le rythme et les impératifs de Salomé!

Comme d’habitude, il y a un grand bazaar et comme d’habitude on est allés y faire un tour. On s’est baladés agréablement et on a même succombé à la tentation et fait une emplette (le sac est déjà bien plein…). On y a aussi vu un joli caravansérail.

La ville est pleine de monuments en tous genres: forteresse, mausolées, mosquées, jardins… Le problème est qu’il faut payer le même prix (5 euros par personne) pour chacune des entrées quelque soit la taille et l’intérêt du lieu. Du coup, on a pas tout fait et on a même fait l’impasse sur quelques endroits vraiment beaux. Mais il fallait choisir. Voilà un petit résumé photographique:

Le monument le plus important de la ville est Shah-e-Sheragh (prononcez Jacques Chirac), l’immense mausolée du frère d’Ali Reza, le 8ème imam de l’islam et le seul mort en Iran.

Nous avons aussi fait un petit saut hors de la ville pour admirer le lieu le plus renommé d’Iran: Persepolis. C’est l’ancienne capitale de l’Empire Perse dont les ruines de plusieurs palais datent de plus de 2500 ans. On ne peut pas dire que ça soit aussi impressionnant que les temples égyptiens mais les bas-reliefs valent le coup d’œil. A quelques kilomètres de là se trouve Necropolis, 4 sépultures creusées dans la falaise à une dizaine de mètres de haut et ornées de bas-reliefs. On y trouve les tombes de Darius, Xerxès et Artaxerxes. On se s’attendait pas à ça et c’était très impressionnant. Même plus que Persepolis.

Après toutes ces visites, nous nous sommes rendus à Yazd dont les rues et maisons en terre évoquent son passé de ville du désert. Elle a bien évolué depuis et les routes découpent le vieux centre dans toutes les sens mais le charme opère et nous nous sommes perdus avec plaisir dans les petites ruelles qui donnent régulièrement sur de beaux bâtiments. Des pièges à vent parsèment le paysage permettant d’apporter un peu de fraîcheur dans les maisons. Les caravansérails sont reconvertis en hôtels ou restaurants et on se retrouve un peu hors du temps en y sirotant un thé.

Au sud de la ville, dans une sorte de désert préservé, se trouvent 2 tours du silence, des monuments zoroastriens qui servaient à entreposer les morts le temps que les vautours les nettoient. Une manière pour eux de ne polluer ni la terre ni l’air.

Nous avons pris le temps de visiter un dernier parc avec le plus grand piège à vent du monde avant de mettre le cap sur Esfahan, qui comme le dit le dicton est « la moitié du monde ».

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