Les tribulations de Sam, Flavie et Salomé

Catégorie : Voyage au Moyen-Orient Page 1 of 3

2nd voyage au Moyen-Orient

Note finale

Voilà presque deux semaines que nous avons retrouvé notre bonne vieille France et notre Mayenne adorée, il est donc grand temps de conclure ce chapitre.

Disons d’abord que ce voyage a été une très riche expérience, bien sûr au niveau culturel mais aussi au niveau familial. Nous n’avions pas bien réalisé a priori ce que serait un voyage avec un très jeune enfant, et cela s’est avéré plus difficile que prévu (des détails ici). Mais les bons moments ont été nombreux et ce sont bien entendu ceux-ci que nous garderons en mémoire.

Finalement, nous ne sommes pas peu fiers d’avoir mené notre projet à son terme parce que même si ça a été plus court que prévu : on l’a fait, et pour nous c’était une réussite! Bien sûr, on regrette un peu de ne pas être allés se faire dorer la pilule à Oman mais notre périple en Turquie, malgré le froid, nous a beaucoup plu.

Là où nous sommes moins fiers de nous, c’est que nous avons beaucoup pris l’avion et très peu de trains ; et ça pour des aventuriers du rail, c’est la loose! Pour notre défense, le réseau ferroviaire des pays où nous étions est au mieux inefficace, au pire inexistant. En ce qui concerne l’avion, ça nous a fait gagner du temps et de l’énergie… promis on fera mieux la prochaine fois.

En résumé,nous avons traversé 4 pays : la Géorgie, l’Arménie, l’Iran et la Turquie.

– Entendu (et un peu appris) 4 langues utilisant 4 alphabets différents

– Côtoyé 4 religions (l’orthodoxie, les chrétiens apostoliques, l’islam chiite et l’islam sunnite)

– Manipulé 4 devises (le lari géorgien, le dram arménien, le rial iranien et la lire turque)

– Enrichi nos passeports d’un visa et 8 jolis tampons

– Allégé notre compte en banque de 5700 euros, soit un budget hebdomadaire de 435 euros, ce qui est un peu au dessus de nos prévisions mais tout de même plutôt satisfaisant.

Enfin, précisons que partout nous avons été accueillis comme des rois et que nous nous sommes toujours sentis en sécurité. Nous avons fait des rencontres inoubliables, en Iran en particulier, pays qui nous a profondément marqué.

Ces trois mois sont passés un peu comme un rêve, nous avons retrouvé notre maison et nos habitudes mais nous gardons en tête les paysages et les sourires. Nous sommes rentrés malades et fatigués mais, mais pas refroidis pour un sou et avec déjà plein de projets!

On va attendre l’année prochaine pour repartir (?) et qui sait par quel bout nous croquerons le monde ?!

La Turquie, les turcs, les vieilles pierres et nous

Nous devions faire étape à Izmir mais après quelques recherches, il s’est avéré quela ville a peu d’intérêt hors saison donc nous avons choisi de conclure notre passage en Turquie et notre voyage avec 2 beaux sites archéologiques: Bergame et Ephese, d’anciennes villes gréco-romaines encore bien conservées.

Nous sommes également allés à Sirince (prononcé « chirinjé »), un petit village près d’Ephese qui a un peu perdu son pittoresque sous les montagnes de babioles pour touristes. Une belle balade cependant, une fois les échoppes passées.

Le temps était un peu plus clément et nous avons même pu profiter de quelques rayons de soleil. Mais l’heure est venue de rentrer à la maison.

Nous retiendrons de la Turquie que malgré l’image que peuvent en diffuser les médias, les turcs sont vraiment proches de nous culturellement et que leur accueil est vraiment chaleureux. À la vue de Salomé, tous disaient: Masallah (« machallah », dieu la bénisse)!

Si nous avons été choqués par la conduite dans les pays précédents, ici pas de soucis, ça conduit à l’européenne, en peut-être un peu plus rapide…

Les turcs utilisent l’alphabet latin mais la consonance de leur langue est loin de la nôtre et nous n’avons pu retenir que bonjour, merhaba et merci, techekkur edereem.

La Turquie est un grand pays et nous ne manqueront pas d’y retourner pour continuer notre exploration.

Côôôte oueeeeeest

Après la fourmilière stanbouliote, nous avons continué notre route vers de plus petites bourgades. En basse saison, tout tourne au ralenti, nous avons donc nous aussi adopté un rythme très tranquille. 

Avant de longer la côte vers le sud, nous avons fait un crochet près des frontières grecques et bulgares, à Edirne, une ancienne capitale ottomane. Nous y avons vu 3 belles mosquées et un intéressant musée sur la médecine ottomane situé dans un ancien complexe hôpital-université-mosquée.

Nous espérions trouver un temps plus clément en descendant sur la côte, mais en fait non. C’est d’ailleurs à Canakkale que l’on a commencé le relai rhume-toux. S’il y a beaucoup de vent à Canakkale, c’est que la ville borde la mer et plus précisément le détroit des Dardanelles (entre les mers Égée et Marmara). La forteresse transformée en musée nous a permis de découvrir un pan de la 1ère guerre mondiale que l’on ne connaissait pas ou peu : le détroit et la péninsule de Galipolli ont été le théâtre de grandes batailles, perdues par les alliés.

On sait apprécier une bonne pression d’Efes!

Notre étape suivante nous a emmené un brin plus loin sur la frise chronologique : Berhamkale est construite à l’emplacement de l’ancienne ville grecque: Assos, dont de nombreuses ruines sont encore visibles. Parmi les plus notables : le temple d’Athéna et un théâtre.

Plus au sud, nous avons séjourné dans la petite ville portuaire d’Ayvalik, où nous avons été bercés par la mer et la pluie. Entre deux averses, nous avons exploré les rues pavées de la vieille ville grecque, ses bicoques branlantes et ses 2 églises converties en mosquées.

Le froid a maintenant remplacé la pluie et c’est avec les pulls et les blousons que nous allons terminer cette aventure!

Turkish Delights

Comme vous le savez (si vous le savez, c’est écrit ici), nous avons fait une croix sur les Emirats et Oman et c’est sur la Turquie que nous avons jeté notre dévolu; un bon voyageur doit rester souple!

Nous sommes arrivés tard dans la nuit de dimanche à lundi (de la semaine dernière, oui on a un peu de retard…) à Istanbul, donc après une grasse mat’ et avant toute chose : un café serré au grand bazar.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Istanbul est beaucoup plus agréable que Téhéran. Ici, pas d’autoroutes qui découpent la ville et ça se ressent dans l’air qu’on respire. Notre appartement étant très bien situé dans le quartier historique de Sultanahmet, nous avons pu faire le tour des principaux monuments à pieds, ce qui est très appréciable et nous a permit d’adopter un rythme détendu.

Par un temps nettement plus frais, nous avons visité la mosquée bleue, sainte Sophie (en travaux), le palais Topkapi et la basilique citerne. Magnifique !

Profitant du soleil, nous avons pris le bateau d’abord pour aller sur la rive orientale de la ville puis pour rejoindre une des îles aux princes.

S’il y a toujours autant de mosquées, elles sont bien différentes de celles d’Iran. Ici, les dômes sont à l’honneur et certaines mosquées en ont des dizaines. L’appel à la prière est autrement plus fort et nous étions réveillés tous les matins par des chants plus ou moins mélodieux. On sent aussi un positionnement plus prosélyte: on trouve partout des brochures et des livres religieux gratuits dans différentes langues.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire en suivant les informations à la télévision, la situation ici est très calme et la vie ne semble pas trop perturbée par l’actualité. Nous nous tenons au courant en cas de changement.
Enfin, que serait un voyage en Turquie sans profiter de la délicatesse locale: les baklavas. Nous avons dégusté tous les jours ou presque que  ces petits morceaux de sucre et de miel… Pour notre défense, c’est presque les seules spécialités que l’on peut se permettre dans ce pays où le kebab est roi. 

Mais avant de trop s’empater, nous avons pris la route pour Edirne avant de descendre vers Izmir en espérant trouver des températures un peu plus chaudes.

L’Iran, les iraniens et nous

Deux jours et deux nuits à Téhéran ont conclu notre aventure iranienne ; l’heure du bilan a sonné.

L’arrivée en Iran demande un temps d’adaptation, notamment parce qu’on arrive avec un tas d’idées et de représentations et qu’on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangés.
Finalement, si tant est que l’on respecte les codes, tout se passe très bien. Les iraniens eux-même s’y soumettent avec plus ou moins de convictions, alors quand il s’agit de touristes, tout le monde est plus indulgent.

Pour les femmes, le maître-mot c’est : sortez couvertes! Hormis le foulard obligatoire, le but est d’être le plus informe possible. Si beaucoup de femmes portent le voile intégral noir et austère, de nombreuses autres rivalisent d’ingéniosité pour se distinguer et souligner leur féminité : vêtements et foulard colorés, accessoires et maquillage (voire nez refait). 

Il a donc bien fallu se résoudre à adopter un style irano-compatible : chemise longue à manches longues et foulard ; c’est un peu contraignant mais finalement on s’y fait plutôt vite (et puis positivons, le foulard protège du soleil et de la poussière). Les garçons ne sont pas en reste : shorts à proscrire et manches longues à privilégier.
Outre le dress code, les relations sociales sont aussi codifiées, notamment les relations entre hommes et femmes : de la retenue, de la retenue et surtout pas de contact. Pour se saluer, les hommes peuvent se faire la bise mais pas question de serrer la main à une femme en public. Dans les transports en commun (métro, bus,taxi, avion), un homme et une femme qui ne sont pas de la même famille ne peuvent pas s’assoir l’un à côté de l’autre, ce qui donne parfois lieu à un jeu de chaises musicales assez cocasses (si ce n’est un peu ridicule, parce que se bousculer dans les escalators apparemment  ça c’est autorisé).

À côté de tout cela, on découvre une autre facette de l’Iran et des iraniens quand on entre dans l’intimité des logements. Là, le poids des contraintes disparaît, le voile tombe dans tous les sens du terme. En public il faut donner le change et se soumettre aux règles, mais à l’abri de leurs 4 murs, les iraniens retrouvent un brin de liberté. Ensemble nous avons bravé quelques interdits : héberger des étrangers est interdit mais le couchsurfing n’a jamais été aussi facile qu’en Iran (on a même été hébergé chez un couple non marié : super interdit) , l’alcool est prohibé mais dès notre 1er jour dans le pays on nous a servi du vin (fabrication maison), la télévision étrangère est bannie mais les paraboles fleurissent partout et tout le monde regarde la télé turque, on nous a même proposé de l’herbe une fois dans la rue…

Bon, braver les interdits c’est rigolo mais il faut tout de même faire attention : un de nos hôtes s’est fait arrêté il y a quelques années alors qu’il était ivre, il s’en est bien sorti mais risquait une amende et des coups de fouets…

Le couchsurfing nous a permis de rencontrer des gens très critiques à l’égard de leur pays, de leur gouvernement et de leur religion. Nous avons été surpris de constater que beaucoup de gens ne se disent musulman que sur le papier, ne pratiquent pas du tout la religion, voire sont athées.

Dans un registre plus léger, nous avons découvert le quotidien et la façon d’habiter des iraniens. Ce qui a d’ailleurs sauvé notre expérience culinaire iranienne. La gastronomie iranienne tourne beaucoup autour de la viande (kabap), il existe bien quelques plats traditionnels végétariens mais il est quasi impossible de les trouver au restaurant. Livrés à nous même, on a beaucoup tourné au sandwichs falafels mais nos chers hôtes nous ont fait découvrir beaucoup de plats très bons.

Il est de notoriété publique que l’Iran excelle dans l’art du tapis, ce serait donc dommage de se contenter de marcher dessus! Il est très fréquent de manger, voire même dormir sur le sol ; une nappe ou une couverture et hop la table est mise, le lit est fait! Autre particularité : il faut enlever ses chaussures et circuler pieds nus, et enfiler des claquettes prévues à cet effet pour aller aux toilettes (le plus souvent à la turque).

Par dessus tout, ce qui fait le charme d’un voyage en Iran, c’est de rencontrer des iraniens. Rarement auparavant nous avons rencontré des gens aussi gentils et généreux ; partout nous avons été accueillis comme des rois (un léger bémol pour Shiraz et Ispahan, qui sont très touristiques), partout des sourires et des mots de bienvenue. Et surtout, à aucun moment nous ne nous sommes pas sentis en sécurité.

Si la 1 ère attraction de l’Iran, ce sont les iraniens, le pays offre aussi d’innombrables sites culturels et historiques. Il y a beaucoup à faire avec les endroits liés à la religion mais on trouve aussi beaucoup de monuments et d’édifices de l’époque pré-islamique.

Hormis dans les lieux culturels et touristiques, dans les bazaars et les parcs, ce n’est ni agréable ni facile de se balader en ville (sauf à Yazd) : il y a beaucoup de grandes artères et énormément de circulation (donc bruit et pollution). Les villes semblent principalement pensées pour les voitures, ce qui peut se comprendre quand on réalise leur étendue (des villes, pas des voitures). Du coup, comme les points d’intérêts sont souvent éparpillés, c’est difficile d’aller de l’un à l’autre à pied et nous avons fréquemment eu recours aux taxis (vraiment pas cher ceci dit).

Puisqu’on parle d’argent, il faut savoir gérer son budget ici parce qu’avec les sanctions américaines les CB étrangères ne fonctionnent pas, nous avons du arriver avec notre cagnotte. Nous nous sommes retrouvés millionnaires pendant quelques semaines, un euro valant officiellement 36000 rials (mais 40000 dans tous les bureaux de change). Pour ajouter un peu de sel, les iraniens comptent en tomans, qui valent 10 rials, rien de mieux pour jongler avec les prix. Ha et petit poil dans la choucroute, le gouvernement a imposé des prix différents pour les entrées des monuments pour les touristes: 30000 pour les locaux et 200000 pour nous (ça fait beaucoup de zéros, hein?). Un peu rageant…

Petite parenthèse sérieuse, on peut voir partout des portraits de jeunes hommes dans la fleur de l’âge (en plus de ceux omniprésents de Khomeiny et Khamenei). Sur les rond points, dans les rues, sur l’autoroute, sur les bâtiments… Ce sont des martyrs de la guerre avec l’Irak (1980-1988). Ils sont très respectés ici et le souvenir de la guerre encore très frais. Des jeunes (parfois très jeunes) se sacrifiaient et couraient déminer les champs de batailles. L’image est très marquante. C’est néanmoins celles-ci qui a permit de souder le pays contre l’ennemi de l’extérieur après la révolution islamique.

Vous l’avez compris, nous avons été conquis. C’est même un peu frustrés et à regret que nous sommes partis, donc nous comptons bien revenir, nous avons même déjà une ébauche d’itinéraire et de nombreux rendez-vous!

La moitié du monde… et un peu plus

Nous sommes arrivés à Esfahan pour la grande prière du vendredi. Après avoir emménagé dans notre appartement temporaire, nous sommes partis à l’assaut de la deuxième plus grande place du monde: Naqsh-e Jahan Imam (la plus grande étant Tien An Men, ici). Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça en jette, les architectes de l’époque n’ont pas lésiné sur les détails. En images:

La place fait 500 mètres sur 100 et comprend 2 mosquées, 1 palais et donne sur un grand bazaar. On a dû la visiter en plusieurs fois.

La ville comprend aussi une autre très grande mosquée, d’autres palais, des jardins et de beaux ponts sur une rivière qui ne voit pas souvent la pluie ( comprendre : asséchée).

Nous avons partagé l’appartement avec des Belges et Salomé était contente d’avoir de nouveaux amis qu’elle comprenait !

Après ces 4 jours, nous sommes allés à Kashan, une ville qui ne paie pas de mine au premier abord mais qui compte un hammam et plusieurs maisons traditionnelles exceptionnelles tant par la taille que par la finesse des décorations.

Cette fois-ci, nous avons trouvé un couple très sympa, Sara et Amin, qui nous a hébergé et baladé entre les différents sites. Sara parlait même français. Elle nous a emmené à Nushabad, une ville toute proche où nous avons pu visiter une partie de la plus grande ville souterraine du monde Oeei (4km²) et une ancienne forteresse qui va rester dans nos mémoires comme un des lieux les plus magiques du voyage.

En route pour Téhéran, nous avons fait étape à Qom, qui abrite le 2ème mausolée le plus sacré d’Iran, celui de la sœur du 8ème imam de l’islam: Fatemeh. Un lieu très imposant où les pèlerins viennent en masse présenter leur respect (on y était  un vendredi en plus).

Nous avons fini notre tour d’Iran par un retour à Téhéran, chez un autre couple très sympa dont la fille parlait aussi français. Leur hospitalité nous a permis de clore de belle façon ce chapitre de notre voyage.

Vous prendrez bien un peu de désert?

Il est temps de mettre fin au suspense : nous avons pris l’avion depuis Téhéran pour Shiraz. Oui, c’est vrai, nous avons cédé à la facilité mais 1h d’avion contre 15h de bus…

Nous avons atterri en fin d’après-midi et avons rejoint directement l’hôtel (un couple a eu pitié de nous à la sortie de l’aéroport et nous y a déposé en échange de quelques photos). Pas de couchsurfing pour cette étape-ci : les quelques personnes qui nous ont contactés avaient toutes plus ou moins quelquechose à vendre donc on a passé notre tour. Ces 4 nuits d’hôtel nous ont permis de nous reposer : au-delà de tous les aspects positifs, le couchsurfing suppose de s’adapter au rythme et aux impératifs de l’hôte… et de les concilier avec le rythme et les impératifs de Salomé!

Comme d’habitude, il y a un grand bazaar et comme d’habitude on est allés y faire un tour. On s’est baladés agréablement et on a même succombé à la tentation et fait une emplette (le sac est déjà bien plein…). On y a aussi vu un joli caravansérail.

La ville est pleine de monuments en tous genres: forteresse, mausolées, mosquées, jardins… Le problème est qu’il faut payer le même prix (5 euros par personne) pour chacune des entrées quelque soit la taille et l’intérêt du lieu. Du coup, on a pas tout fait et on a même fait l’impasse sur quelques endroits vraiment beaux. Mais il fallait choisir. Voilà un petit résumé photographique:

Le monument le plus important de la ville est Shah-e-Sheragh (prononcez Jacques Chirac), l’immense mausolée du frère d’Ali Reza, le 8ème imam de l’islam et le seul mort en Iran.

Nous avons aussi fait un petit saut hors de la ville pour admirer le lieu le plus renommé d’Iran: Persepolis. C’est l’ancienne capitale de l’Empire Perse dont les ruines de plusieurs palais datent de plus de 2500 ans. On ne peut pas dire que ça soit aussi impressionnant que les temples égyptiens mais les bas-reliefs valent le coup d’œil. A quelques kilomètres de là se trouve Necropolis, 4 sépultures creusées dans la falaise à une dizaine de mètres de haut et ornées de bas-reliefs. On y trouve les tombes de Darius, Xerxès et Artaxerxes. On se s’attendait pas à ça et c’était très impressionnant. Même plus que Persepolis.

Après toutes ces visites, nous nous sommes rendus à Yazd dont les rues et maisons en terre évoquent son passé de ville du désert. Elle a bien évolué depuis et les routes découpent le vieux centre dans toutes les sens mais le charme opère et nous nous sommes perdus avec plaisir dans les petites ruelles qui donnent régulièrement sur de beaux bâtiments. Des pièges à vent parsèment le paysage permettant d’apporter un peu de fraîcheur dans les maisons. Les caravansérails sont reconvertis en hôtels ou restaurants et on se retrouve un peu hors du temps en y sirotant un thé.

Au sud de la ville, dans une sorte de désert préservé, se trouvent 2 tours du silence, des monuments zoroastriens qui servaient à entreposer les morts le temps que les vautours les nettoient. Une manière pour eux de ne polluer ni la terre ni l’air.

Nous avons pris le temps de visiter un dernier parc avec le plus grand piège à vent du monde avant de mettre le cap sur Esfahan, qui comme le dit le dicton est « la moitié du monde ».

Trois p’tits Shahs

De bonne heure vendredi dernier, nous avons pris un taxi pour la frontière Arméno-Iranienne avec un peu d’appréhension. Après avoir quitté l’Arménie sans problème, nous avons traversé un pont, Flavie a enfilé son accessoire désormais indispensable : un foulard, et nous avons présenté nos passeports aux gardes iraniens. Personne d’autre que nous. Un garde est allé chercher une grenade (le fruit bien sûr) pour Salomé et la « messe » était dite: aucune question sournoise, aucun contrôle spécifique, on a même attendu le contrôleur des bagages assis tranquillement après la frontière.

Après ça, un taxi nous a emmené vers Tabriz, notre première étape iranienne. On a pu apprécier la conduite locale, avec un chauffeur qui se servait du thé en conduisant comme une brute dans de beaux paysages, klaxonnant pour qu’on le laisse passer et dépassant allègrement la vitesse autorisée… La Géorgie avec des routes neuves!

Nous avons été accueillis par Mahdi après quelques détours en ville et il nous a présenté sa femme, Arezu et Maral, leur fille de 8 ans. Ils nous ont hébergés pendant 3 nuits où nous nous sommes initiés au matelas iranien: le sol. Bah ça fait mal. Ils se sont montrés très généreux, et on a mangé avec eux à chaque repas, qu’ils ont préparé exprès pour nous (ils ne sont pas végétariens). Comme nous pouvons le constater chaque jour depuis notre arrivée, il semble que la générosité et l’hospitalité iraniennes n’ont pas de limite.

Nous avons visité le bazaar de la ville, le plus grand bazaar couvert du monde. On s’est perdus. Il est vraiment immense avec ses quartiers spécialisés dans les tapis, les bijoux, les ustensiles de cuisine, les vêtements, les chaussures… Une fois la sortie retrouvée, nous sommes allés voir un reste de forteresse et la mosquée bleue, deux monuments très chouettes.

Dimanche après-midi, Pouya, un étudiant couchsurfer parlant français, nous a emmené visité la ville de Kandowan, à 1h de route de Tabriz, la petite Cappadoce iranienne.

Lundi soir est venu le temps des adieux, nos gentils hôtes nous ont emmenés à la gare et nous nous sommes installés dans le train de nuit en direction de Téhéran. Tout avait bien commencé (compartiment en 1ere classe, pépères) mais ça a vite viré au cauchemar : le chauffage tournait à plein tube et il a vite fait une chaleur atroce, Salomé qui s’était enrhumée à Kandowan n’était pas en forme olympique… Nous avons donc à peine dormi 2 heures chacun en alternant la garde de Salomé.
Cette nuit épique et quelques autres tracasseries nous ont conduit à revoir nos plans et à raccourcir le voyage pour ne pas finir complément à plat. Nous n’irons donc ni aux Emirats, ni à Oman. Peut-être lors d’un prochain voyage?

Nous sommes donc arrivés crevés à Téhéran et notre hôte nous a donné rendez-vous à 17h… Il était 9h. On a décidé de passer la journée et la nuit dans un hôtel pas terrible pour se reposer et de décaler au lendemain l’entrevue. On est quand même sortis un peu le temps d’aller voir quelques agences de voyage et de rencontrer Ali, un couchsurfer très sympa qui nous a baladé un peu et avec qui nous avons partagé un bon dîner.

Mercredi, après un peu de repos, nous avons visité le musée d’histoire de l’Iran, en particulier la partie pré-islamique et créateur malheureusement assez décevant… Nous n’avons pas trop traîné ensuite parce que nous devions retourner à l’hôtel prendre nos bagages puis aller retourner notre hôte Aziz chez lui.
La circulation est absolument incroyable en ville avec des dizaines de voies express encombrées de voitures et c’est après 2h d’embouteillages (mercredi soir, c’est le début du week-end ici) que nous sommes arrivés à destination, emmenés par un couple qui nous a pris en stop sans qu’on le demande! 

Jeudi, après le pique-nique de Salomé dans un parc, nous avons visité le palais de Golestan, une résidence royale, puis le bazaar.

Sur le chemin du retour nous nous sommes arrêtés dans une agence de voyage, en quête de renseignements sur des trajets en train et nous en sommes sortis avec des billets d’avions… les aventuriers du rail, tu parles!!!
Pour notre dernier jour à Téhéran, Ali nous a emmené à Darvakeh, une montagne aux abords de la ville. C’était agréable de quitter la fourmilière et de respirer un peu d’air frais. Deux heures de marche, un repas tranquille et il était temps de nous envoler vers de nouvelles aventures!

Salomé sur les routes

Pour son moisiversaire, Salomé a droit à son article.

Voyager avec un enfant, possible – pas possible? Possible, mais il faut être prêt à en assumer les conséquences.
Nous savions que ce voyage serait différent de la 1ere édition des aventuriers du rail, mais peut être que nous n’avions pas vraiment réalisé à quel point. Le plus difficile (et aussi le plus frustrant) est de concilier un bon rythme pour Salomé et un rythme acceptable pour l’aventure. Elle a évidemment la priorité, cela implique souvent de réduire le temps des sorties, de ne pas changer d’endroit trop souvent, de patienter quand elle fait la sieste… Nous réussissons tout de même à faire beaucoup de choses, et heureusement elle est assez patiente (la plupart du temps) mais nous avons aussi dû revoir nos plans à la baisse pas mal de fois.

Au delà du programme, il y a tout un côté logistique très chronophage : 

  • Trouver de la nourriture et la préparer, ce qui implique de trouver des hôtels ou guesthouses avec une cuisine. On a bien essayé de lui faire le coup des petits pots mais elle n’est pas dupe, et de toute façon, on en trouve très peu.
  • Respecter les temps de repos et les heures de repas ; c’est là que l’organisation des sorties et des déplacements peut devenir compliquée. Par chance, elle arrive à faire de courtes siestes dans le porte-bébé ; pour les repas, elle pourra se vanter d’avoir pique-niqué dans des endroits hétéroclites!
  • La changer et la baigner régulièrement ; dans ce domaine, on est quasiment devenus tout terrain!
  • Monter et démonter sa chambre et son coin jeux à chaque déplacement, en essayant de maintenir des constantes dans son environnement, pas facile.

De plus, se trimballer 10 kilos en permanence, c’est crevant! La poussette ne nous sert finalement pas beaucoup – ou alors de chariot à bagage – parce que peu d’endroits sont poussette-friendly (trop de monde, trop de marches, pas assez de trottoirs…) ; le porte-bébé se relève être un bien meilleur investissement mais c’est physique!!!

Il y a bien sûr de bons côtés et la voir interagir avec les gens est un plaisir, tout le monde est fan d’elle et elle le rend bien. Elle se prête avec le sourire aux palpages de joues, aux tatages de mollets, aux gouzigouzis et aux photos, tout cela plusieurs fois par jour (nous pendant ce temps, nous faisons souvent office de pupitre, il n’est pas rare qu’on ne nous adresse même pas un regard!). Nous avons aussi le droit toutes les jours à la question: « boy or girl? », les vêtements n’aidant pas trop à son identification ; elle n’a pas vraiment un look de princesse en ce moment. 

Elle est aussi une source de bons plans : les hôteliers ont tendance à nous laisser une meilleure chambre pour le même prix, on nous donne régulièrement des fruits ou des gâteaux… Elle a même quelques cadeaux.

Elle a beaucoup évolué depuis le début du voyage. Elle sait faire « coucou » et « donne », elle rampe (en marche arrière seulement), tient sur ses jambes, sa bouche est ornée de 4 nouvelles dents et son »vocabulaire » s’est enrichi de quelques syllabes!

Bref, c’est une riche expérience que nous vivons ensemble! Cependant la fatigue commence à se faire sentir et nous avons décidé d’écourter notre périple. Nous quitterons l’Iran le 13 novembre et après une autre étape, nous serons de retour dans notre bonne vieille France!

L’Arménie, les arméniens et nous

Il est grand temps de conclure à propos de l’Arménie.Si la Géorgie nous a laissé un goût d’inachevé, nous sommes plutôt satisfaits de notre parcours arménien qui nous a amené à presque tous les essentiels.

Le point fort du pays c’est son impressionnante collection d’églises et de monastères. Ce serait mentir de dire qu’en avoir vu un c’est les avoir tous vu, mais avouons que l’on s’est un peu lassé. Ce qui fait souvent leur charme c’est leur localisation car niveau paysage, l’Arménie n’est pas en reste. Montagnes, vallées, gorges, lacs, sous le soleil et parés de couleurs automnales, nous avons assistés à de bien jolis spectacles.

Au contraire, le point faible, ce sont les villes. Yerevan mise à part, toutes les cités que nous avons traversées, quelque soit leur taille, était tristes à mourir. Peu de magasins, peu de restaurants ou cafés, peu de parcs, des barres d’immeubles, le tout soit en travaux, soit défraîchi (pour ne pas dire décrépi) : c’est terne, c’est moche, c’est tout à fait déprimant. Heureusement le centre ville de Yerevan est très agréable et nous avons pris plaisir à y passer du temps, entre visites et détentes en terrasse.
Niveau transports, on peut dire que les aventuriers du rail ont fait grise mine devant les 2 lignes de train du pays… Et la vitesse : 3h30 pour parcourir les 70 kilomètres entre Sevan et Yerevan, non merci ! Du coup, c’est taxi et minibus pour un tarif dérisoire. En plus de ça, on a le droit à un petit voyage dans le passé avec un nombre impressionnant de Lada (en bon état qui plus est), on se croirait revenu aux temps des soviets. Joe Dassin ou Lara Fabian dans le poste et en voiture Simone!

Côté gastronomie, nous ne sommes sûrement pas les mieux placés pour juger parce que la viande semble avoir une place importante, mais nous n’avons pas vraiment trouvé de spécialités arméniennes. Nous avons très bien mangé dans les maisons d’hôtes (pas du tout désarçonnées par notre régime alimentaire), un peu moins dans les restaurants dans lesquels nous nous sommes souvent retrouvés devant une pizza ; exception faite encore une fois de Yerevan où nous nous sommes goinfrés de cuisine libanaise! Ce qu’on retiendra d’un repas arménien c’est la façon de manger le fromage : un morceau pain, un morceau de fromage et une poignée d’herbes fraîches (persil, aneth..).

Pour finir, il faut souligner le grand cœur des arméniens ; plutôt austères de prime abord, ils nous ont toujours réservé un accueil chaleureux. Et bien sûr, Salomé encore s’est fait des tas d’amis. Pour ce qui est de la communication, c’est encore une fois le russe qui nous a sauvé parce que l’arménien franchement… en trois semaines, nous n’avons su retenir que les trois essentiels : barev dzez (bonjour), tsetesutyun (au revoir) et shnorhakalutyun (merci). Pour ce qui est de l’alphabet, nous n’avons même pas essayé!

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